25 septembre: embarquement pour Belem
Nous arrivons à comprendre qu'il y a bien un bateau pour Belem aujourd'hui. Sauvés ! Par contre, il ne part qu'aux alentours de 18 heures ce soir, et la traversée dure environs 36 heures et non 20 ! Nous décidons de prendre nos places et d'attendre sur place. En effet, ici le bateau est le moyen de déplacement naturel pour le plus grand nombre, et les passagers ne manquent pas. En fait, tout le monde arrive bien avant le départ de façon à se choisir une place confortable pour installer son hamac, le plus éloignée possible des machines. On comprendra pourquoi lorsque le moteur se mettra à tourner...
Comme nous avons désormais beaucoup de temps à attendre, nous en profitons pour visiter le port de Santana. Peu de commerces, et pas grand chose à faire. Nous nous installons donc à une petite terrasse où nous passerons pas mal de temps...
Finalement, l'heure de l'embarquement approchant, nous nous redirigeons vers notre bateau qui s'est considérablement rempli. Il s'agit d'un petit bateau en bois qui visiblement n'en est pas à son premier voyage. Il assure la liaison Macapa-Belem-macapa en 36 heures, car il fait du cabotage. En fin de compte, c'est une sorte de taxi de l'amazone, et il charge aussi bien des passagers que du frêt. Durant toute la traversée, il ne cessera d'accoster pour prendre des passagers supplémentaires et en faire descendre d'autres.
Enfin, l'heure du départ arrive et nous larguons les amarres. il fait déjà presque nuit. A peine avons nous fait 500 mètres que voici le bateau qui accoste à nouveau sur un autre quai. Nous assistons alors à une scène que l'on ne peut voir qu'ici: un chargement inattendu sous la forme d'une voiture est avancé sur le pont, à l'aide de deux grosses planches reliant le quai au bateau! La voiture, garée en travers du pont en prend toute la largeur et voyagera avec nous, sans aucune cale ni arrimage... Finalement, notre bateau quitte définitivement la berge alors que le soleil finit de se coucher. Le voyage de nuit sur l'Amazone est quelque peu déroutant pour des non habitués comme nous. En pleine nuit, le commandant trace sa route à l'aide d'un puissant projecteur qu'il allume par intermittences, lorsqu'il croit déceler un obstacle ou la présence d'une autre embarcation! dans la lueur du projecteur, défilent ainsi parfois devant nous des pirogues manoeuvrées à la rame... Je me demande sans vouloir trop y penser comment notre commandant ferait pour éviter la collision avec les trop nombreux troncs d'arbres qui sont jetés à l'eau pour l'exploitation forestière. Je lirai plus tard dans un article publié sur le site brasyliane que mes craintes étaient réelles, puisqu'un accident de ce type provoquera deux ans plus tard le naufrage d'un navire exactement sur ce trajet...