de Macapa à Belem 1
Certains pourront trouver que le temps passe trop lentement sur ce type de traversée. C'est à mon avis au contraire le meilleur moyen d'échanger avec les autres passagers. Il règne à bord une atmosphère bon enfant, j'ai pour ma part eu l'impression que la plupart des voyageurs acceptaient avec philosophie et même avec un certain plaisir la longueur du trajet. Pour beaucoup d'entre-eux, ce n'était pas et de loin leur première traversée, et pourtant tous regardaient le fleuve avec intérêt et même curiosité. Ces voyageurs, tous issus à peu près de la même classe sociale (les plus aisés prenant évidemment l'avion) donnaient le sentiment d'être fiers d'une identité commune: ils étaient avant tout amazoniens.
La vie à bord est rythmée par les repas, pris en commun sur une table pouvant accueillir à tour de rôle une petite dizaine de personnes et située sur le pont inférieur, juste à côté... du moteur. Le vacarme est tel que l'on ne s'attarde pas à table! Nous avions fait avant de partir une provision importante de boissons fraiches et notamment de bière que la cuisinière nous avait autorisés à mettre au frais dans le grand réfrigérateur-bahut situé dans les cuisines à l'arrière du navire. En fait, tout le monde y entreposait ses boissons fraiches, en un joyeux mélange, et ainsi une bonne partie des passagers proches de nous trinquaient à notre santé! Aucune importance, cela nous permit de rapidement faire connaissance avec nos voisins, et bientôt j'eus l'occason d'éprouver mes connaisances en portugais...
A partir du vendredi après-midi, après une courte escale à la petite ville de Brevès, notre bateau qui jusque là avait emprunté des bras assez étroits rejoignit une partie beaucoup plus importante de l'amazone: on avait vraiment l'impression par endroits d'être sur la mer, les rives étant à peine visibles. Nous croisions de véritables convois de containers, venant probablement de Manaus pour être déchargés à Belem. Plusieurs fois, nous vimes sauter à côté du bateau des dauphins de couleur gris-rose, les fameux botos, ou dauphins roses d' amazonie. Le soleil se couchait déjà, et le bateau s'était vidé d'une grande partie de ses passagers, descendus aux différentes escales. Notre arrivée à Belem était prévue pour 6 heures du matin.